Même dans un contexte de flambée des taux, les gens protégeront leurs propriétés
En raison de l’instabilité des marchés et de la flambée des taux d’intérêt, on parle beaucoup dans l’actualité du risque que les Canadiens ne soient pas en mesure de rembourser leurs prêts hypothécaires. Les conseillers qui s’intéressent à des placements tels que la SPH de Frontenac, qui dépend du remboursement fiable de la dette hypothécaire par les propriétaires, sont à juste titre curieux.
La situation actuelle
Les Canadiens sont attachés à leurs propriétés. Qu’ils viennent d’acheter un petit appartement ou qu’ils possèdent une maison familiale de longue date, ils feront tout ce qu’ils peuvent pour les conserver, et ce même lorsque les taux d’intérêt grimpent, ce qu’ils ont fait, à un rythme rapide.
En janvier 2023, la Banque du Canada a augmenté le taux cible du financement à un jour pour le faire passer à 4,5 %, dans un revirement spectaculaire des taux par rapport aux 10 mois précédents environ. Ainsi, en mars 2022, le taux du financement à un jour n’était que de 0,25 %.
Pourtant, les taux de défaut de paiement hypothécaire restent à des niveaux historiquement bas. En décembre 2022, le nombre de prêts hypothécaires à l’habitation en souffrance de trois mois ou plus dans tout le pays n’était que de 0,14 %, selon l’Association des banquiers canadiens.
Bien que la Banque du Canada puisse suspendre les majorations pour le moment (elle les reprendra toutefois si l’inflation cesse de ralentir), il est évident que le pays connaîtra des taux plus élevés à court terme.
Néanmoins, notre position est que les gens ne vont pas se mettre en défaut de paiement de manière massive, même parmi ceux qui ont acheté leur maison à un prix élevé, en s’attendant à payer des taux très bas.
Fin décembre 2022, Fitch Ratings (en anglais seulement) a publié ses perspectives pour 2023, prévoyant un taux de délinquance de 0,25 % en 2023, ce qui représente une forte hausse par rapport aux niveaux actuels, mais reste très faible.
L’accès à la propriété est une priorité évidente dans l’esprit de la plupart des Canadiens, d’autant plus qu’il devient plus difficile pour les jeunes générations d’y accéder.
Remboursement des dettes
En tant que population, les Canadiens ont tendance à donner la priorité à la gestion de leur dette (notamment leur dette hypothécaire) dans les périodes difficiles. Selon un récent sondage CIBC (en anglais seulement), ils réduiront leurs dépenses ailleurs pour rembourser leurs dettes.
Par exemple, lorsque les taux d’intérêt et d’inflation ont augmenté à la fin de 2022, 60 % des Canadiens ont déclaré qu’ils dépenseraient moins pour les cadeaux de Noël, selon Equifax Canada (en anglais seulement).
La protection de leur placement dans leur propriété constitue une motivation essentielle. La valeur des propriétés est montée en flèche au cours des dernières décennies.
Le logement constitue aujourd’hui le principal actif de la plupart des gens et une source importante de richesse pour des millions de ménages canadiens. Selon l’Enquête sur la sécurité financière 2019 de Statistique Canada, les résidences principales représentent plus d’un tiers de la valeur totale des actifs canadiens. En outre, les propriétaires qui approchent de la retraite ont une valeur nette médiane de 685 400 $, contre 24 000 $ pour les non-propriétaires.
Entre-temps, d’autres facteurs économiques contribuent à la capacité des Canadiens à continuer de rembourser leurs prêts hypothécaires.
- Le taux de chômage en décembre 2022, selon Statistique Canada, s’élevait à seulement 5,0 %. Il est maintenant inférieur aux niveaux prépandémiques.
- Bien que le marché du logement ait considérablement ralenti en raison de taux plus élevés, il existe toujours une pénurie nationale de logements. La Société canadienne d’hypothèques et de logement estime que le pays a besoin de construire 22 millions de nouveaux logements d’ici 2030, soit un déficit de 3,5 millions d’unités au rythme actuel de la construction. La pénurie ne concerne plus seulement les grandes villes, mais aussi les petites localités. Pour les personnes qui ont du mal à rembourser leur prêt hypothécaire, la possibilité de vendre leur maison pour éviter le défaut de paiement est une solution rapide et facile.
Occasions d’investissement
Ceux qui possèdent des actifs sur le marché hypothécaire peuvent craindre que les défauts de paiement augmentent avec l’évolution de l’économie. Et si les maisons deviennent beaucoup plus difficiles à vendre ou si le chômage explose, il est vrai que le nombre de défauts de paiement pourrait augmenter, mais il est peu probable qu’il monte en flèche.
Avec un taux de chômage aussi bas et un problème d’offre en matière de logement qui risque d’empirer avant de s’améliorer, les propriétaires actuels ont beaucoup plus d’atouts à faire valoir que d’inconvénients.
En outre, aucun de ces facteurs économiques ne changera l’opinion des Canadiens sur la protection de leurs propriétés.
Les investisseurs immobiliers se porteront bien dans les années à venir. Bien que les Canadiens voient leurs porte-monnaie se vider, ils continueront à donner la priorité à leur maison.